Article – Education et psychologie positive
Ces dernières semaines le débat s’agite entre les tenants d’une éducation basée sur l’écoute des besoins de l’enfant, représentée par Isabelle Filliozat, et ceux qui se revendiquent, comme Caroline Goldman, davantage centrés sur le respect des règles.
L’IFMAN Co s’appuie beaucoup sur les travaux d’Isabelle Filliozat relatifs à la compréhension des émotions et des besoins des enfants, des tout-petits jusqu’aux adolescents. En faisant référence aux observations d’Isabelle Filliozat et aux travaux des neurosciences, notamment ceux relayés par Catherine Gueguen, nous apportons des éléments fondamentaux pour la réflexion. Par exemple, il est illusoire d’attendre d’un enfant de moins de 5 ans qu’il arrive à se calmer tout seul s’il est en crise, car il n’en n’a pas les moyens. Ou encore, la plupart des jeunes de 13 ou 14 ans n’ont pas encore la capacité d’anticiper les échéances à venir : n’attendez pas qu’il ou elle prévoie à l’avance son stage de 3ème ! L’anticipation fait partie des derniers éléments dans l’organisation d’un cerveau humain, qui est mature à 25 ans.
Avec Isabelle Filliozat, nous pouvons nous poser des questions opérationnelles en situation de tension : quel est mon objectif ? Quel est le contexte ? De quoi j’ai besoin, et de quoi mon enfant à besoin, en ce moment ? Etc. Ce ne sont pas des recettes, mais des clefs pour agir en cherchant un accompagnement adapté au potentiel de l’enfant et qui l’aide à devenir acteur et responsable.
Toutes ces approches sur l’éducation positive sont parfois mal comprises : écouter ne signifie pas forcément accepter ! Par exemple, je peux écouter la déception de l’enfant de ne pas avoir ce qu’il demande, et identifier son besoin d’autonomie tout en lui refusant sa demande. Accompagner l’enfant vers l’autonomie ne conduit pas toujours à lui laisser le choix, et être centré sur l’écoute n’interdit pas de mettre du cadre et éventuellement de sanctionner. Tous ces éléments sont présents dans les ouvrages d’Isabelle Filliozat.
Ainsi, l’éducation bienveillante n’est pas une éducation permissive. Il s’agit d’être dans l’écoute et la compréhension des besoins de l’enfant, tout en posant des règles visant à faire prendre en compte l’autre, à développer son empathie et ses capacités sociales. Comme le dit si bien Daniel Favre, bienveillance n’est pas gentillesse, mais rime avec exigence, une exigence qui motive l’enfant à grandir.
Dans nos formations vers les professionnels et de la petite enfance ou dans nos ateliers pour les parents, nous apportons de la clarté sur les besoins des enfants, des parents et des professionnels et sur les motivations profondes de chacun. A partir des travaux cités précédemment, nous aidons les participants à trouver des réponses opérationnelles aux questions qu’ils se posent, avec pour finalité le bien-être de chacun et le développement de l’enfant.
Annie LE FUR, formatrice et coordinatrice
Juin 2023