La posture du formateur à l’IFMAN Co

Christophe Riquet est formateur et intervenant en analyse des pratiques à l’IFMAN Co Nord-Ouest depuis 2013. La posture du formateur est un élément essentiel de la pédagogie à l’IFMAN Co. Christophe, riche de ses diverses expériences en formation, a bien voulu nous résumer les points essentiels de celle-ci telle qu’elle est perçue et pratiquée à l’IFMAN Co.

Le formateur, garant du bon déroulé de la formation

Le formateur est le garant du bon déroulé de la formation, de la méthode pédagogique et des règles de vie du groupe. Il navigue entre cadrage et lâcher prise. C’est un voyage, le formateur en est le capitaine et invite à embarquer, le commanditaire en est l’armateur.
Comme le dit l’auteur Mike Robbins : « Lâcher prise, c’est relâcher notre emprise et faire confiance que les choses se dérouleront comme elles le devraient. » Ancrage, lâcher prise … s’installer, accueillir.
La formation est un temps d’expérimentation, de recul, de ressourcement, où l’idée est de permettre à chacun de sortir de sa zone de confort pour une zone de sécurité. Et donc de faire de l’espace d’intervention un laboratoire sécurisé et sécurisant pour chaque participant.
Il s’agit, pendant ce temps où le.a salarié.e sort de son contexte professionnel habituel, de :

• Fédérer le groupe en créant une dynamique propre à l’ouverture ;
• Travailler l’adhésion en donnant du sens, du lien à ce projet ;
• Développer la confiance au travers de nos actes ;
• Responsabiliser le groupe, acteur de ce temps de travail ;
• Désamorcer la question du volontariat par rapport à une formation institutionnelle ;
• Accompagner à l’ouverture, au déploiement des ressources de chacun.

Poser un cadre sécurisant est alors le premier support de la mise au travail directe de la thématique.
La pédagogie active est en lien avec la réalité de terrain, des questions, des attentes et des situations comme support de contenu de formation. L’enjeu principal est donc de rester en lien avec aux besoins des stagiaires tout en tenant le fil rouge du stage.

Tenir les polarités, avec écoute et assertivité, humilité et responsabilité

Le.a formateur.rice se doit d’incarner la voie du milieu, l’alternative à la polarisation.
L’approche psychosociale semble la plus appropriée pour tenir une posture juste et ajustée. Elle fait état de la conscience de soi, des autres et de l’environnement. Ces trois axes permettent d’être en équilibre sur un trépied tout en étant aligné, centré, ancré.
Le formateur pratique la communication non-violente en direct. Il est essentiel de rester connecté à ses émotions et ses besoins et les traiter au fur au et à mesure car il s’agit d’une course de fond.
Autre élément essentiel, l’assertivité. Cette capacité à s’affirmer sans agresser et même au-delà en promouvant légèreté, humour, encouragement, dépassement. Le formateur est garant du climat, de l’ambiance.
Le groupe nous demande ce que l’on peut lui donner et un peu plus. C’est ça la magie de l’intervention, nous recevons des cadeaux au travers des renvois, des questions, des situations, des réflexions qui nous amène à repousser nos propres limites. L’humilité facilite cette remise en question et la capacité à accueillir les retours des participant.e.s qui sont parfois contraints à venir en formation.

Pour évaluer sa posture, le formateur peut s’appuyer sur le triangle de Karpman, aussi appelé triangle dramatique, avec les trois figures : persécuteur, victime, sauveur. Il invite à contraster et à vérifier en permanence si je suis bien dans le triangle de responsabilité, c’est-à-dire notamment dans une posture d’empathie sans complaisance plutôt que de sauveur.
La règle est que je suis et reste responsable de mes actes conscients et inconscients, ce qui sous-tend que je suis prêt à assumer mes erreurs sans jugement et j’invite chacun au sein du groupe à s’offrir cette autorisation.

La posture du formateur IFMAN CO, élément d’inspiration

Sans constituer un modèle à suivre, notre posture est un élément essentiel d’inspiration. C’est bien ce que nous incarnons par rapport aux thématiques de stages, qui est porteuse de sens pour eux, qui dit « vrai ». La congruence correspond à l’alignement entre ce que je dis, pense, ressens et fais. Bien au-delà des mots, ce sont nos actes qui vont donner crédit au stage et donner du corps à notre proposition de formation.
Tous ceux qui cherchent à mettre en défaut, à tester, à challenger notre posture cherchent la preuve que ce que nous avançons est crédible.
Cela a pour effet de la renforcer en nous permettant d’améliorer celle-ci, car même si nous sommes le +1 extérieur au groupe, cela ne nous exonère pas de l’effet miroir. Donc merci à ceux qui nous renvoient nos parts d’ombre, source d’avancée personnelle ; à nous de les accueillir avec empathie et de les mettre au travail.

Le formateur accompagne les participants dans leur chemin d’évolution.

« Les seules connaissances qui peuvent faire progresser un individu sont celles qu’il découvre lui-même et qu’il s’approprie. » Carl Rogers
Comment amener chacun au plus près de sa vérité du moment en douceur ?
Permettre à chaque stagiaire d’accéder à l’endroit où ça se joue pour lui. Amener de l’ouverture, de la lumière pour lui permettre d’accéder à ses propres ressources. Tout est déjà préinstallé. Comme les habitudes ont la vie dure, il est parfois plus simple de se satisfaire d’une zone de confort inconfortable. L’accompagnement à la prise de risques est essentiel pour permettre une vraie prise de conscience empathique. Bien sûr, la peur du changement peut être présente et avec elle les mécanismes d’adaptation dits de défense et leur plafond de verre, limite.
Certaines personnes attendent de nous des solutions toutes faites. C’est bien à elles de trouver par elles-mêmes des réponses à leurs questions. Notre travail est bien de stimuler le questionnement par la pédagogie active. Il est vrai que cela peut-être tentant de donner des réponses mais celles-ci nous concernent en propre et sont non transposables car car chaque posture professionnelle incarnée est unique de part le porteur même de celle-ci. Toutefois, elle peut devenir source d’inspiration pour les autres.
Par moments notre travail est aussi de nommer ce qui dysfonctionne, ce qui est maltraitant, accompagner à la prise de conscience de ce qui fait souffrir individuellement et collectivement.

Ce qu’il en reste…

L’intervention à l’extérieur, principalement en institution, est un nouveau défi à chaque fois pour le/la formateur.rice de part sa nouveauté, liée aux particularités de fonctionnement, de lieu, d’histoire, d’activité … de la structure.
C’est pourquoi, il est important pour l’intervenant.e d’organiser et de poser son espace de travail, d’être au centre de celui-ci, de s’asseoir dans celui-ci.
Dans l’espace-temps formation, le formateur est le principal garant du cap à tenir. Les professionnels sont conviés à un voyage d’entreprise dont ils n’ont pas choisi la destination.
Voyager, c’est accepter le changement en soi en premier lieu. Cela veut dire que tout le monde, formateur compris, sortira transformé de cette rencontre.
Chaque stage devient alors un tableau collectif où les individualités transparaissent.

« Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais ils n’oublieront pas ce que vous leur avez fait ressentir. » Maya Angelou

Christophe Riquet
Formateur IFMAN Co Nord-Ouest