Distanciel ou présentiel, quels choix pour les formations actuelles ?
La période actuelle est marquée par des mesures de distanciation qui modifient l’organisation collective et les modalités relationnelles au travail. Le monde de la formation n’échappe pas à la tendance à l’accroissement du télétravail et de l’usage des supports numériques. Cependant, même si la prise en compte des paramètres sanitaires reste incontournable, il paraît important d’évaluer avec attention la pertinence des choix concernant les modalités de formation, et notamment de considérer les thématiques de formation concernées par chaque projet.
Les IFMAN, qui interviennent plus particulièrement dans le domaine des compétences relationnelles, par exemple sur les thèmes du conflit, de la communication et de la coopération, ont exploré notamment l’impact des mesures de distanciation sur la qualité relationnelle au travail. Il apparaît ainsi que, si le conflit conduit souvent à une exacerbation de la distance entre les personnes, pouvant aller jusqu’au rejet mutuel, alors que les relations de coopération nécessitent un minimum de proximité et de convivialité, les mesures de distanciation peuvent ainsi entraîner une aggravation des attitudes de rejet, ou en tous cas entraver les processus de régulation des conflits. C’est pourquoi, compte-tenu de la dégradation de la qualité relationnelle observée dans de nombreux contextes, depuis le début de la crise sanitaire, l’apprentissage de la communication constructive et de la coopération apparaît d’autant plus essentiel, et peut s’appuyer sur 2 axes de travail :
1. Apprendre à valoriser au mieux les moments présentiels, puisque leur quantité a tendance à se réduire, et donc réaliser des formations en présentiel pour travailler sur la relation présentielle,
2. Apprendre à atténuer les effets négatifs de la distanciation, en réalisant des formations à la fois en présentiel (pour explorer la dimension présentielle manquante liée aux situations distancielles) et en distanciel (pour expérimenter des supports distanciels les plus interactifs et conviviaux possibles).
Bien entendu, ces 2 axes sont complémentaires, et méritent d’être pris en compte conjointement. Cependant des choix de priorité peuvent varier selon les contextes.
Concernant les formations des IFMANs, compte-tenu de la complexité des problématiques relationnelles et du fait que les modalités distancielles rendent plus difficile l’appréhension de cette complexité (notamment la prise en compte du corps et des phénomènes émotionnels), il nous semble opportun de privilégier, chaque fois que cela est possible, les modalités présentielles.
Cette priorité est confortée par le constat réalisé dans les organismes avec lesquels nous travaillons, notamment dans les domaines du travail social et éducatif, qu’une large partie des équipes souffrent de la réduction des temps de rencontre et de concertation en direct, et que les moments de formation permettent de compenser ce type d’insuffisance, en fournissant simultanément une occasion de rencontre et une occasion de prise de recul.
Bien entendu, les IFMAN n’excluent pas les formations en distanciel, qui permettent quant à elles d’approfondir le deuxième axe évoqué, mais plutôt dans un second temps, de manière complémentaire au travail en présentiel. Et c’est dans cette optique que nous menons actuellement, dans le cadre d’un travail de recherche pédagogique avec divers partenaires, une réflexion autour de la question « Comment articuler les modalités distancielles et présentielles dans les formations en compétences relationnelles ? »….
Guillaume Tixier
IFMAN-Méditerranée